LES 4CV RENAULT EN AUSTRALIE
Il est surprenant que les ouvrages spécialisés traitant de la 4CV ne comportent, pour la plupart, aucune mention concernant les 4CV vendues en Australie alors que ce pays était l'un des marchés d'exportation relativement le plus important pour ces véhicules.
Les premières 4CV furent livrées en Australie au début 1948, et les ventes débutèrent dans la semaine du 21 Février de cette année-la. Ces premiers véhicules furent construits fin 1948 et il en reste de nos jours au moins un provenant de ce premier lot. À part une direction à droite, ces voitures étaient identiques à leurs cousines Françaises.
Le gouvernement Australien encourageait la production de voitures en Australie, et c'est ainsi que l'assemblage local des 4CV (connues en Australie sous le nom de"760" puis "750" en référence à sa cylindrée) commença en 1951. Durant plusieurs périodes, au moins deux distributeurs Renault géraient en Australie des unités d'assemblage pour le compte de Renault. Il est intéressant de noter que plus tard, la plupart des principaux sites d'assemblage ont assemblé d'autres marques de véhicules, y compris Studbaker, Peugeot, Citroën, et NSU. Renault racheta ces unités d'assemblage en 1966 lorsqu'il créa sa propre société en Australie.
Aussi étrange que cela puisse paraître, même sous l'égide de Renault, différents modèles de Peugeot comme de Renault continuèrent à êtres assemblés sur les mêmes lignes jusqu'à la fermeture des sites en 1981 date à laquelle des 504 et des Renault 20 étaient en production. Mais revenons à notre sujet.L'Australie est un pays très différent de la France. Ce pays est chaud et sec, et à cette époque même les routes principales reliant les grandes villes n'étaient pas toutes revêtues. La poussière était un véritable problème, et la petite Renault avec son simple filtre à air sec dans le compartiment moteur n'était pas bien protégée.
En 1951, la première modification, pour autant que l'on puisse s'en souvenir, fût apporté sur les 4CV Australiennes. Le système de filtrage d'air était monté devant, à côté de la batterie. Ce système était connecté à l'arrière par un long tube d'acier, qui pénétrait dans le compartiment moteur par en dessous la voiture et alimentait directement le carburateur à travers une chambre de détente destinée à stabiliser la pression d'air dans le tube. À la même période, probablement à cause du climat très chaud, les 4CV Australiennes furent équipées des portes avant à glaces descendantes qui équipaient déjà les modèles "Export".
Les modèles après 1951 furent équipés à nouveau d'un système de filtrage d'air tout à l'arrière, mais cette fois-ci comprenant un filtre à air sec et un filtre à air à bain d'huile. Bien que ce montage dura plusieurs années, il était évident que cela ne suffisait pas pour surmonter les problèmes de la poussière très fine rencontrée sur la plupart des routes Australiennes. À partir d'environ 1955, le système de filtrage adopta à nouveau une prise d'air à l'avant, amenant l'air par un tube sous le véhicule aux deux filtres situés à l'arrière. Ce système de filtrage d'air est connu sous le nom de "Tropique" et se trouve parfaitement illustré dans les PA Renault (Editions Anglaises). Il est évident que les réglages des gicleurs du carburateur étaient différents.
À la différence des véhicules vendus en Angleterre, toute les 4CV Australiennes possédaient le compteur Jaeger standard mais gradué en miles et non en kilomètres (Les modèles Anglais recevaient un compteur de fabrication Anglaise).
Toutes les 4CV Australiennes n'étaient pas assemblées sur place et quelques modèles provenaient de France, totalement assemblés. Les magazines de l'époque relatent des prix sensiblement différents entre les 4CV totalement importées et les modèles assemblés sur place.
L'existence de modèles "importés" et de "locaux" permet de mettre l'accent sur l'une des différences les plus marquante - à peu près la moitié des 4CV Australiennes possèdent un remplissage d'essence extérieur. Le support du tube d'essence d'origine est présent, mais un trou est ménagé dans le pavillon et un tube externe est installé du côté droit (côté du conducteur). Cette modification semble avoir été faite sur les véhicules assemblés en Australie car, en 1950, les pompistes qui ne connaissaient pas la 4CV avaient la fâcheuse habitude de mettre l'essence par le remplissage du radiateur, et cela ne pouvait plus durer.
Au lendemain de la guerre, il n'y avait pratiquement pas de voiture à acheter et il y avait de longues listes d'attente, mais au fur et à mesure des années 50, la demande Australienne en véhicule se fit sentir. Plus de la moitié du marché local était tenu par la Holden, une sorte de Frégate construite localement par Général Motors et équipée d'un moteur 6 cylindres. La 4CV qui avait pris 2% des ventes de véhicules neufs en 1951 se trouva elle même en concurrence avec de bonnes voitures de toutes tailles et de tous types provenant de l'Europe (En majorité provenant de Grande-Bretagne) et des Etats-unis. Parmi toutes celles des années 50, la 4CV était la voiture disponible la plus économique. Mais, alors qu'il était acceptable en France que l'"Affaire" (La "Trifftmaster" en Australie) soit une version de base bon marché, il était important que la finition "Deluxe" apparaisse comme un modèle distinct à par entière.
Les agents Renault Australiens firent l'impossible pour obtenir une apparence distincte en montant des plages avant et arrières entre les pare-chocs et la carrosserie, provenant de fabrication locale. Ce n'était pas des pièces en provenance de Hino au Japon, bien que les 4CV Hino se fussent inspirés du concept. Comme conséquence de ce montage, un nouveau support de plaque de police a été monté. À cette époque, beaucoup de voiture étaient équipées d'origine de l'enjoliveur de calandre "Turbo". Il semble que cet équipement a été mis en place par les distributeurs et non vendu séparément comme un accessoire.
La gamme de couleur des 4CV assemblées en Australie n'était pas aussi réduite que la gamme Française. Bien qu'aucune 4CV n'ait été peinte en rouge en sortie d'usine à Billancourt, la couleur rouge de la voiture présentée sur les photos est bien sa couleur d'origine. Quelque chose de moins visible : contrairement à celles de Billancourt, les 4CV d'Australie possédaient à partir de 1956 un fusible électrique sous le tableau de bord. Il protégeait tous les circuits sauf l'allumage.
La "Service" la "1063" (à part un nombre limité de kit SAPRAR) et la "découvrable" ne furent pas vendues en Australie.
La liste des immatriculations des véhicules anciens indique que quelque 12 500 4CV furent vendues en Australie, la dernière stockée étant immatriculée en 63. Tristement, dans les années 50 et 60, ces petites voitures n'avaient pas de valeur de collection et étaient abandonnées dès qu'un problème mineur survenait. De nos jours, environ 100 4CV sont détenues par les membres du RENAULT 4CV REGISTER OF AUSTRALIA. À peu près 60 d'entre elles sillonnent les routes d'Australie de temps en temps et ne manquent jamais de susciter attention et admiration.
George COOK National Coordinator of RENAULT 4CV REGISTER OF AUSTRALIA
Février 2002 (Traduction Jean-Pierre DELAUNOY)