MALADE DE 4CV
Le virus * me prit un jour de 1953 alors que mon père venait de céder sa Renault type KZ (Ah s’il l’avait gardée ! …) contre une 4CV grise flambant neuve.
Ma première 4CV personnelle me fût offerte en 1955. C’était une NOREV dans sa boîte cartonnée imitation caisse en bois, je m’en souviens encore. En 56, mes parents achetèrent une nouvelle 4CV. Celle-là était "bleue Ile-de-France; à flancs blancs ; toit ouvrant ;TSF". Cette voiture nous emmena de Tourcoing à Toulouse au gré de nos déménagements successifs. Par la suite, une P60 Montlhéry et quelques 404 émaillèrent notre parc automobile familial des années 60.
Fin 68 (aucun rapport avec les événements), mon père m’acheta ma première vraie 4CV. C’etait un modèle 57 qui avait déjà pas mal souffert de la corrosion et dont le moteur était rincé. Cette voiture que je n’ai pas cessé de bricoler m’emmena pendant plus de 100 000Km et je dois reconnaître qu’en 1976 lorsque je l’ai revendue, elle n’avait plus rien d’origine : sièges baquets, volant Momo, moteur préparé par Ferry, etc…. mais aussi un énorme trou dans le plancher sous les pieds de ma jeune épouse.
La quatre-chevaux-ite aïgue me laissa une vingtaine d’année de répits, mais les démons de la cinquantaine approchant, nous décidâmes mon épouse, mes deux grandes filles et moi-même de racheter une 4CV pour la remettre à neuf. Nous voulions une 4CV neuve ! ! Ça n’existe plus, alors fabriquons là !
La base de la voiture fut achetée en Corrèze. C’était encore un modèle 57, et je privilégiais l’absence de corrosion à toute autre considération. La 4CV était dans un état exceptionnel, malgré l’arrière accidenté et la boîte de vitesse bloquée en troisième. La négociation fut vivement menée, et je ramenais le soir même (l’inconscient) la 4CV par la route non sans mal et sans problèmes de démarrage dans la circulation de la N20. Deux jours plus tard, le démontage complet commença.
Cette année 95 était particulière pour moi, puisque je fus contraint de prendre une année sabbatique au frais des assédic… C’était donc une "aubaine" de pouvoir m’acharner 10 heures par jour et parfois plus sur la tôle et la fonte de ma 4CV. La reconstruction ne posa pas de problèmes techniques particuliers. Le cahier des charges était simple, démontage de chaque pièce et sous ensemble, puis ré assemblage aux spécifications du neuf, voir mieux que le neuf. (tolérance, qualité des matériaux, etc…) Le choix de la finition de la voiture porta sur le bleu de 1957 en finition " sport " avec option Sofica pour le confort de nos petits pieds.
La 4CV fût terminée en Mars 96 juste pour fêter le cinquantenaire célébré à Aubevoye. Elle était absolument neuve, et fût l’objet d’essais sur la piste par les journalistes de France 3.
Depuis, cette 4CV a parcouru 28 000Km (septembre 2003), nous emmenant chaque été en vacances à Narbonne et participant régulièrement à la concentration du Car Occitan à l’Isles sur Tarn. Elle est toujours aussi fiable qu’une voiture neuve, mais je la ménage précieusement.
Cette 4CV manque rarement les réunions dominicales de la région Parisienne.* Le virus de la 4CV, bien entendu !
Jean Pierre DELAUNOY Janvier 2000